Yoyo
Publié le 30 Juin 2014
Il est des jours où le diabète joue au yoyo. Ces derniers temps, j'ai eu quelques journées comme cela, on ne sait pas trop pourquoi… Étais-je énervée ? Beaucoup de choses à faire ? La fatigue ? Une nourriture inhabituelle ? Trop de correction par insuline ? Un peu de tout cela ?
Le fait est que les glycémies passent de 50 à 250 et retour, et que c’est à la fois frustrant et fatigant. On ne se sent pas bien, on réalise trop tard qu’on a soif et que le sucre est élevé – je ne suis pas encore très au point pour repérer les hausses… et dès qu’on sent l’hypo on se jette sur les haribos.
Peu à peu, et surtout grâce à l’excellente appli MySugr, je peux analyser simplement et clairement mes données. J’apprends aussi tous les jours à savoir comment mon corps réagi à quel type de nourriture et à quel type d’effort. L’autre soir, en rentrant du travail, je mesure 172 et pensant ma journée finie, je corrige de 2 IE. Chaque IE faisant baisser de 30mg/dl la glycémie, je devrais arriver à 112, ce qui est tout de même plus acceptable. Parfait. Juste au moment où je pique, mon mari, malade, me dit que nous n’avons plus d’eau, il faudrait que j’aille en chercher. Or l’eau se vend ici par caisse consignée de 12 bouteilles. Pour prendre le volant, une glycémie de 110 est vraiment trop juste, surtout alors que l’insuline est encore active… Pas le choix : il me faut ingurgiter des glucides avant de partir. La conduite, les courses, porter la caisse d’eau : tout cela demande concentration et efforts, qui rendront le corps encore plus sensible à l’insuline et feront donc baisser encore le sucre dans le sang. Si je pars sans rien prendre, c’est l’hypo quasi-assurée : au volant, ça ne pardonne pas.
Donc : oui, le diabète est une maladie avec laquelle on peut bien vivre, mais c’est aussi une maladie plutôt égocentrique : on pense à elle tout le temps !
Ce que je maîtrise en revanche étonnamment bien depuis le 24 mai (la course entre les mers), ce sont les entraînements de course à pied, et ce grâce aux excellents conseils de Fredrik et de Nathalie. Pas une seule hypoglycémie en entraînement depuis fin mai.
J’ai bien sûr senti mon sucre baisser pendant que je courais, mais ai pu déceler les signes d’hypo très tôt et me resucrer à temps sans baisse de régime. Comme tous les diabétiques (et en particulier les diabétiques sportifs), je ne pars jamais sans sucre. Je me resucre environ toutes les 20 minutes de course avec enter 9,5 et 1 BE (10 g de glucides) et n’hésite pas à en prendre plus si les signes ne disparaissent pas immédiatement. Ca fait parfois comme quand les images des vieux films qui sautent, le sol a l’air de bouger bizzaremment, de tressauter. Parfois, quand c’est plus avancé, on a l’impression de courir comme un automate, tout à coup on se rend compte que ce n’est plus le cerveau qui contrôle les jambes, elles marchent toutes seules et on a l’impression qu’elles font n’importe quoi, qu’elles sont désarticulées. Dès qu’on prend du sucre rapide, c’est comme si le cerveau respirait de nouveau, comme si on ôtait un voile de devant les yeux, que l’on n’avait pas remarqué auparavant.
En fin de compte, le sport pour le diabétique de type 1 est sans doute une complication : il faut ajuster le sucre avant l’effort, ne plus avoir d’insuline rapide dans le sang, mais avoir tout de même un peu d’insuline pour ne pas que le sucre monte en flèche, après le sport le sucre chute… encore des sources de yoyo…
Mais courir fait tellement de bien, et surtout, on n’est pas peu fiers de savoir qu’on fait aussi bien que les non-diabétiques, qui ne sont pas obligés de courir avec un mini-pancréas-mobile, eux… Aller courir dans la forêt, maître de soi, se sentir libre (avec sa petite sacoche tout de même)… les jambes fonctionnent, elles, profitons-en !
Bonne journée à vous !